La chaleur du désert de Palestine assommait Will, mais il ne l'aurait admit pour rien au monde. Il vivait avec Djaq une petite vie tranquille sous le toit de Bassam, et assistait la jeune femme lorsqu'elle soignait les blessés. Il y avait une foule de choses à faire dans ce pays, et le jeune homme ne savait guère où donner de la tête. Dans ses brefs moments de répits, il allait voir les oiseaux dans la volière, et réfléchissait à ce que serait sa vie, maintenant qu'il avait tout laissé derrière lui. Il ne le regrettait pas, mais Luke lui manquait parfois, tout comme Allan, Robin, Petit Jean... même ce grincheux de Much. Il se demandait ce que devenait l'Angleterre, si le shérif était toujours aussi odieux... Et puis, il pensait à Marian. Elle, dont la vie avait été si brève, reposait en Terre Sainte désormais. Il allait sur sa tombe assez souvent : aussi souvent que Robin l'aurait fait, s'il en avait eu l'occasion, et il priait pour elle. Il ne l'avait pas beaucoup connu mais c'était une femme formidable, et elle avait eu la plus triste des fins qui soit, après une vie tout aussi malheureuse. En fin de compte, le seul point positif était qu'elle avait pu épouser Robin avant de mourir. Ils auraient l'éternité pour rattraper ce gâchis.

Will, lui, avait beaucoup de chance. Djaq et lui s'en étaient tiré, et ils vivaient désormais ensemble, loin du danger de Nottingham. Il pouvait à chaque instant vivre à ses côtés, et c'était un don du Ciel pour lequel il ne remercierait jamais assez leurs dieux respectifs.

Le jeune homme prit l'un des pigeons dans ses mains et lui effleura doucement les plumes des ailes du bout des doigts : ces oiseaux étaient magnifiques. Il se rappelait de ce que Djaq lui avait expliqué : qu'ils pouvaient parcourir le monde rien que pour retrouver l'être qu'ils aimaient. D'une certaine manière, il les admirait. Tout comme il admirait Djaq. Elle avait traversé le monde pour, même si elle l'ignorait, le trouver, lui. C'était presque comme les histoires que sa mère leur racontait, à Luke et à lui, quand ils étaient enfants. En souriant, Will reposa doucement le pigeon sur une niche dans le mur et il se retourna : il avait cru entendre quelqu'un.